J’ai vu, couchées dans leurs linceuls de pierre ou de sable, les villes fameuses de l’antiquité, Carthage, aux blancs promontoires, les cités grecques de la Sicile, la campagne de Rome, avec ses aqueducs brisés et ses tombeaux ouverts, les nécropoles qui dorment leur sommeil de vingt siècles sous la cendre du Vésuve. J’ai vu les derniers vestiges de cités anciennes, autrefois fourmilières humaines, aujourd’hui ruines désertes…

J’ai évoqué les multitudes qui s’agitèrent et vécurent en ces lieux ; je les ai vu défiler devant ma pensée’ avec les passions qui les consumèrent, leurs haines, leurs ambitions évanouies, leurs triomphes et leurs revers. Et je me suis dit : Voilà ce que deviennent les grands peuples, les capitales géantes : quelques pierres amoncelées, des tertres mornes des sépultures ombragées de maigres végétaux.

Et je me demandais pourquoi cette agitation des peuples… pourquoi ces travaux, ces luttes, ces souffrances, si tout doit aboutir au sépulcre. Les siècles, ces minutes de l’éternité, ont vu passer nations et royaumes et rien n’ai resté debout.

Ou va donc l’homme dans sa course ? Au néant ou à une lumière inconnue ? La nature souriante, éternelle, encadre de ses splendeurs les tristes débris des empires. En elle rien ne meurt que pour renaitre. Des lois profondes, un ordre immuable président à ses évolutions.

L’homme, avec ses œuvres, est-il destiné au néant, à l’oubli ?

L’impression produite par le spectacle des cités mortes, je l’ai retrouvée plus poignante devant la froide dépouille de mes proche, e ceux qui partagèrent ma vie.

Un de ceux que vous aimez va mourir. Penché vers lui, le cœur serré, vous voyez s’étendre lentement sur ses traits l’ombre de l’au-delà ; le voilà qui s’affaiblit encore , puis s’éteint. Sur cette couche funèbre, il n’y a plus qu’un cadavre !

Quel homme ne sait demandé l’explication de ce mystère et pendant la veillée funèbre, dans ce tête à tête solennel avec la mort, a pu ne pas songer à ce qui l’attend lui-même ? Ce problème nous intéresse tous, car nous subirons la loi.

Il nous importe de savoir si, à cette heure, tout est fini, si la mort n’est qu’un morne repos dans l’anéantissement ou, au contraire, l’entrée dans une autre sphère de sensations.

La mort est le point d’interrogation sans cesse posé devant nous, la première des questions à laquelle se rattachent des questions sans nombre, dont l’examen a fait la préoccupation, le désespoir des âges, la raison d’être d’une foule de systèmes philosophiques.

Malgré ces efforts de la pensée, l’obscurité pèse encore sur nous.

Notre époque s’agite dans les ténèbres et dans le vide, et cherche, sans le trouver, un remède à ses maux. Les progrès matériels sont immenses, mais, au sein des richesses accumulées par la civilisation, on peut encore mourir de privation et de misère. L’homme n’est ni plus heureux, ni meilleur.

Au milieu de ses rudes labeurs, aucun idéal élevé, aucune notion claire de la destinée ne le soutient plus; de là, ses défaillances morales, ses excès, ses révoltes. La foi du passé s’est éteinte; le scepticisme, le matérialisme l’ont remplacé et, sous leurs souffles, le feu des passions, des appétits, des désirs a grandi. Des convulsions sociales nous menacent.

Parfois tourmenté par le spectacle du monde et les incertitudes de l’avenir, l’homme lève ses regards vers le ciel et lui demande la vérité. Il interroge silencieusement la nature et son propre esprit. Il demande à la science ses secrets, à la religion ses enthousiasmes. Mais la nature lui semble muette, et les réponses du savant et du prêtre ne suffisent pas à sa raison et à son cœur.

Pourtant, il est une solution à ces problèmes, une solution plus grande, plus rationnelle, plus consolante que toutes celles offertes par les doctrines et les philosophies du jour, et cette solution repose sur les bases les plus solides qu’on puisse concevoir: le témoignage des sens et l’expérience de la raison...

Au moment où le matérialisme a atteint son apogée et répandu l’idée du néant…des perspectives s’ouvrent, des formes d’existence se révèlent dans des milieux où l’on ne songeait plus à les observer. Et des recherches, des études, des découvertes se dégagent une conception du monde et de la vie, une connaissance des lois supérieures, une affirmation de justice et de l’ordre universels, bien faites pour éveiller dans le coeur de l’homme, avec une foi plus ferme et plus éclairée en l’avenir, un sentiment profond de ses devoirs et un réel attachement pour ses semblables.

C’ est surtout pour vous, fils et fille du peuple, travailleurs dont la route est âpre, l’existence difficile, pour qui le ciel est plus noir, plus froid, plus froid le vent de l’adversité ; c’est pour vous que ces lignes ont été écrites.

Elles ne vous apportent pas toute la science,  le cerveau humain ne saurait la contenir, mais elles peuvent être un degré de plus vers la vraie lumière.

En vous prouvant que la vie n’est pas une ironie du sort, ni le résultat d’un stupide hasard, mais la conséquence d’une loi juste et équitable ; en vous ouvrant les perspectives radieuses de l’avenir, elles fourniront un mobile plus grand à vos actions, elles feront luire un rayon d’espérance dans la nuit de vos incertitudes, elles allégeront le fardeau de vos épreuves et vous apprendront à ne pas trembler devant la mort.

Lisez-les avec confiance, lisez-les avec attention, car elles émanent d’un homme qui avant tout, veut votre bien.